Homo Socialis ?

Il existe dans la nature toutes les formes de socialisation entre individus, de l’a-socialisation totale de certaines espèces « individualistes » et solitaires, jusqu’aux sociétés quasiment totalitaires des insectes sociaux, en passant par tous les intermédiaires plus ou moins grégaires, meutes de loups, bancs de poisson, etc. La question de savoir à quel niveau de socialisation se place l’homme, ou bien à quel niveau de socialisation devrions-nous le placer, est une question qui revient souvent dans les questionnements philosophiques. Déjà bien avant la révolution française, certains penseurs louaient l’organisation sociale des fourmis pour illustrer leurs propos, et proposaient que ces sociétés soient prises en exemple pour l’organisation sociale humaine.

On comprend tout à fait que les fourmis puissent être régulièrement comparées aux humains, puisqu’elles sont les seules à développer comme nous des formes d’élevage et d’agriculture ; de même, tout comme pour les autres espèces sociales, leurs fonctions économiques respectives sont spécialisées, et elles possèdent un langage technique qui leur permet d’échanger des informations très précises. Mais là s’arrête malheureusement la comparaison, et le fonctionnement social des fourmis n’est absolument pas transposable aux humains, au grand dam d’un certain nombre de rationalistes étatistes et « dictatorialistes ». Car si les individus humains peuvent être spécialisés, il n’en reste pas moins qu’ils le font par choix, et que ces choix sont donc mouvants, imparfaits, désorganisés ; que l’autorité humaine est systématiquement contestée, alors que l’autorité formique est tellement incontestée qu’elle est absolument inexistante et inexercée.

Où se situe l’espèce humaine sur « l’échelle » de la socialisation ? Quelle est la part d’individualité et quelle est la part de socialité dans nos sociétés humaines ? Voici les questions auxquelles je vais tenter ici de répondre.

Espèces strictement individualistes :

On peut selon moi distinguer plusieurs « niveaux » de socialité, parmi les nombreuses espèces qui peuplent notre planète. Tout d’abord, beaucoup d’espèces, et peut-être même la majorité d’entre elles, sont strictement individualistes, et leurs rapports sociaux quasiment inexistants, sauf pendant le court laps de temps nécessaire à l’acte de reproduction ; voire totalement inexistants lorsque la reproduction se fait sans aucuns contacts entre individus, ce qui arrive parfois. Ces espèces sont individualistes, c’est-à-dire plus exactement que les individus de ces espèces ne s’intéressent qu’à leur propre survie et à leur propre succession, sans intérêt aucun pour la survie de l’espèce en tant que telle, ni pour aucune forme de communauté. En général, même les quelques rares instants de rapports sociaux ne consistent en tout et pour tout qu’en actes de confrontations ou d’intimidations, de manière à assurer un avantage individuel.

Pour ces espèces, il n’y a pas d’évolution conjointe de l’espèce ; l’individu qui obtient la victoire individuelle en ce qui concerne la succession est celui qui assurera malgré lui (et surtout malgré les perdants) la succession de l’espèce toute entière. Les perdants n’acceptent en rien leur défaite ; ils n’ont simplement pas le choix. Ils ne se consolent pas en se disant que leurs gènes seraient moins bons puisqu’ils ont connu la défaite, et qu’il vaut mieux assurer la pérennité de l’espèce avec les gènes plus efficaces des vainqueurs. En réalité, ceux qui l’emportent seront les seuls à transmettre leurs gènes, que ceux-ci portent effectivement les meilleurs gènes, ou pas. Les confrontations entre individus ne sont donc pas du tout une recherche collective et volontaire, ni transcendante, des meilleurs gènes parmi eux, pour assurer ainsi l’avenir de l’espèce : il s’agit uniquement d’une confrontation entre individus, dans laquelle chacun veut assurer sa propre reproduction. Le hasard de la transmission de tel ou tel gène n’est dû qu’à la contingence des confrontations entre individus, et des hasards de leur survie ou non, de leur victoire ou de leur défaite, de leur rencontre ou de leur choix plus ou moins judicieux d’un partenaire plutôt que d’un autre, et du hasard qui va permettre à leur progéniture de pouvoir survivre également ou non.

Espèces grégaires non hiérarchisées :

Un deuxième niveau de sociabilité est celui où des individus vont toujours avoir un comportement individualiste, mais où ils vont pour cela, dans leur propre intérêt, et uniquement dans leur propre intérêt, se rapprocher d’autres individus, ou accepter la proximité d’autres individus de leur espèce, et éviter la confrontation avec eux dans une certaine mesure, tant que ce rapprochement leur est individuellement bénéfique. Ils vont alors se regrouper en « agrégats » désorganisés. C’est le cas des bancs de poissons, des cohortes d’oiseaux migrateurs, des troupeaux d’herbivores, et de bien d’autres animaux qui vivent en groupe, tout en étant résolument individualistes.

Pour cette deuxième catégorie d’espèces, les intérêts sont totalement individuels, et si l’individu choisit de s’accommoder de la proximité d’un groupe, c’est parce qu’en retour, cette stratégie lui apporte plus qu’elle ne lui coûte. En effet, les oiseaux migrateurs, par exemple, se fatiguent moins lors de leurs longues et difficiles migrations, s’ils volent derrière l’un de leur congénère ; du coup, chacun recherche un groupe au moment de partir, et se place derrière un autre, profitant ainsi de l’appel d’air qu’il crée. Et comme celui qui part en premier veut également profiter de l’appel d’air que créent les autres, il stoppe rapidement sa course pour venir se placer en queue de peloton. Celui qui avait la deuxième place se retrouve devant, et ne profite plus de l’effet aspirant que lui procurait la présence de celui qu’il suivait. Lorsqu’il s’en aperçoit, il ralentit à son tour, et retourne en fin de peloton. Quelques secondes plus tard, celui qui le suivait fait de même, et ainsi de suite. Et si jamais l’un d’entre eux n’avait pas cette stratégie, qu’il restait devant ou qu’il tentait de faire la migration seul, il se fatiguerait bien vite, et serait doublé par ses congénères, qui arriveraient à destination bien avant lui, et avec bien moins de fatigue, et qui auraient ainsi l’avantage sur les ressources et les autres avantages recherchés dans la migration. Ceux qui développent cette stratégie disposent donc d’un avantage crucial dans le jeu de l’évolution, et voila pourquoi au final, seuls ceux qui utilisent cette méthode se perpétuent. Une fois la migration effectuée, chacun délaisse le groupe, pour ne s’occuper que de ses propres intérêts, pour lesquels le groupe n’apporte alors plus rien.

Les bancs de poisson ou les troupeaux de gnous fonctionnent de la même manière. Chacun cherche à assurer sa propre sécurité en recherchant la proximité d’un groupe. Un troupeau ou un banc est plus difficilement attaquable, et les prédateurs vont plus facilement s’attaquer à des individus isolés. Même si un prédateur s’attaque au banc ou au troupeau, un individu a statistiquement plus de chances d’éviter une attaque s’il est au milieu de ce troupeau ou de ce banc, que s’il est isolé. Au final, ceux qui acceptent la proximité d’autres individus de leur espèce, dans la limite où la nourriture est suffisamment disponible pour tous, obtiennent l’avantage évolutif. Mais ces individus entrent tout de même souvent en confrontation les uns les autres, notamment face à certaines ressources alimentaires, ou pour l’appropriation des partenaires sexuels ; toutefois leurs confrontations restent limitées, les moins forts acceptant de se subordonner aux plus forts, afin de tout de même profiter de l’effet de groupe, quitte à attendre leur tour.

Chez certaines de ces espèces, une affection va naître de cette stratégie ; à force de rechercher la protection d’un groupe, certains vont développer une forme d’affection envers les individus de ce groupe. Et ce qui va permettre à cette affection de perdurer et de se transmettre, c’est encore la sélection, puisque ceux qui éprouveront le plus d’affection pour les membres de leur groupe vont être amenés à rejoindre bien plus vite le groupe s’ils s’en sont éloignés, et même à bien plus éviter de s’en éloigner que d’autres. Ils vont d’avantage éprouver le besoin de la proximité des autres, rechercher cette proximité, et du coup vont être moins sujets à se retrouver à la merci d’un prédateur. Au final, ceux qui auront développé ce besoin affectif vont avoir d’avantage de chances de survie que les autres, et vont d’avantage transmettre leurs gènes. Mais cette affection est forcément limitée, de manière à permettre si besoin de rentrer en conflit avec leurs congénères, pour l’appropriation individuelle des ressources et des partenaires de reproduction : si l’un d’entre eux développait une affection trop importante, il ne lutterait plus suffisamment avec ses congénères pour cette appropriation, et il se verrait alors dans l’impossibilité d’assurer sa propre survie ou sa propre succession, les autres lui confiscant les ressources et les partenaires.

Espèces grégaires hiérarchisées :

En ce qui concerne les meutes de loups, tout comme certaines meutes de singes, ou les communautés de chimpanzés, ce même phénomène va plus loin, puisque la meute acquiert une hiérarchie, ainsi qu’une identité de groupe. Ces espèces grégaires hiérarchisées sont en général des meutes de prédateurs, ou bien des espèces sédentaires qui conservent et défendent un territoire et des ressources précises. Leur hiérarchie est caractérisée par le fait que le dominant va pouvoir disposer des ressources alimentaires avant les autres (les autres ne disposant alors que de ce que celui-ci a bien voulu leur laisser), ou bien va s’approprier l’exclusivité des partenaires sexuels. Les intérêts des individus face à cette hiérarchie diffèrent selon leur rang : le dominant a bien entendu de gros bénéfices, puisqu’il bénéficie des avantages de l’effet de groupe (protection, mais aussi parfois, coordination de certaines actions : chasse collective ou investissement collectif d’une ressource, attaques ou défenses groupées envers d’autres meutes), sans en avoir les inconvénients, puisque la nourriture et les partenaires sexuels lui reviennent en premier.

Il est par contre un peu plus subtil de comprendre l’intérêt qu’ont les subordonnés à profiter individuellement d’une telle hiérarchie. Un individu subordonné va en effet certes profiter lui aussi de l’effet de groupe en ce qui concerne la protection et les actions coordonnées ; mais il va également pouvoir disposer aussi d’un territoire qu’il n’aurait certainement pas pu défendre tout seul, et donc de ressources abondantes mais isolées, dont il aurait sinon été privé. C’est pour cette raison que les espèces qui ont de telles hiérarchies sont toutes des espèces qui dépendent de ressources isolées ou de territoires restreints (contrairement aux espèces grégaires non hiérarchisées, qui dépendent de ressources éparses et régulièrement disponibles) : les moins forts n’ont pas d’autre choix que de se subordonner aux plus forts pour avoir une maigre part de la ressource plutôt que rien. De plus, s’il est vrai que le dominant se sert en premier, en réalité, il ne peut pas se contenter de simplement s’octroyer une part surabondante, mais il doit également veiller à ce que tous ses subordonnés puissent en avoir une part minimale, sans cela, ceux-ci se « révolteraient » ou plutôt iraient tout simplement se chercher un dominant plus généreux. Le dominant doit donc constamment veiller à ce que son territoire soit à la hauteur et à la taille de la meute qu’il domine et dont il profite.

Mais en quoi un subordonné peut-il bien se contenter d’un groupe dont les partenaires sexuels ne peuvent lui revenir (puisqu’ils sont la propriété exclusive du dominant), ce qui à priori lui interdit donc toute possibilité d’assurer sa propre perpétuation ? La « science de l’adultère » nous permet alors de comprendre les subtils intérêts individuels de ces subordonnés. En effet, les rapports entre subordonnés et partenaires sexuels « appropriés » par le dominant ne sont pas rares, et sont même parfois de proportions importantes, en tous cas non négligeables, puisque le dominant ne peut jamais assurer une surveillance parfaite de sa « propriété ». Là encore, mieux vaut se subordonner et attendre patiemment une brève opportunité, plutôt que de rester seul et bredouille. Chez certaines de ces espèces, comme par exemple chez les chimpanzés pygmées, la proportion de ce type de rapports aurait été dans ce cas tellement élevée, que l’appropriation exclusive de partenaires serait devenue vaine, et que l’adultère est devenue « l’institution ».

Une autre caractéristique des espèces grégaires hiérarchisées est l’existence, assez régulièrement, non plus seulement d’affection, mais d’identités, c’est-à-dire de sentiments d’appartenance au groupe de la part des individus qui le constituent, et de sentiment d’appartenance à un territoire. Au même titre que l’affection, cette capacité a assuré la supériorité des groupes qui la possédaient, car ils étaient ainsi mieux à même de se défendre collectivement, de s’entendre pour organiser des actions collectives, mais aussi, plus généralement, de reconnaître et de distinguer leur propre groupe des groupes rivaux, ainsi que de distinguer les territoires respectifs. Mais tout comme l’affection, l’identité collective est limitée par les intérêts individuels, qui vont toujours primer en dernier ressort : tous ces comportements grégaires vont être uniquement déterminés par le fait que l’individu, même subordonné, retire de cette stratégie plus de bénéfices que de coûts.

 

Espèces sociales :

Les espèces sociales, qui comprennent 99% des espèces de fourmis, toutes les espèces de termites et de bourdons ou de frelons, certaines espèces de guêpes et d’abeilles, et enfin, à ma grande surprise, une espèce de mammifère, le rat-taupe nu, sont caractérisées par une organisation hiérarchisée en colonies dont les membres sont indissociables de celle-ci (il n’y a pas de mobilité d’individus d’une colonie à une autre), par l’utilisation d’un langage technique très perfectionné au sein de ces colonies, par des spécialisations économiques de leurs membres respectifs, et par l’existence de castes sexuelles caractéristiques de l’eusocialité, où seuls certains membres de la colonie vont disposer de capacités reproductives.

Il est évident que les humains, non seulement possèdent les caractéristiques précédemment étudiées des espèces grégaires hiérarchisées, mais possèdent également un langage technique très perfectionné, ainsi que des spécialisations économiques individuelles. Toutefois, il n’en demeure pas moins qu’ils vivent en tribus, ou en groupes, et non en colonies ; qu’ils n’ont aucune eusocialisation ; et que leurs spécialisations économiques ne sont en rien prédéterminées, mais volontaires et muables.

Chez les espèces sociales, les membres de la colonie ne disposant pas de capacités reproductives ne vont avoir aucune possibilité de se perpétrer individuellement, et donc ne vont pas chercher à se distinguer, ni à développer leurs qualités, ni même à rechercher de quelconques bénéfices individuels ou collectifs. Etant donné qu’ils ne sont pas sexués, ils sont condamnés d’avance, et vont se borner à suivre la simple stratégie purement génétique dont ils prédisposent. A l’inverse, les humains, qui sont tous sexués, vont tous chercher à se distinguer les uns des autres, et à innover, espérant que leur stratégie individuelle soit la bonne, et qu’elle leur permettre de se perpétrer individuellement.

De la même manière, les reines des espèces sociales vont être concurrentes entre elles, et vont avoir un comportement strictement individualiste, entrant en compétition féroce, voire en confrontations, avec leurs congénères du même sexe. Elles vont se distinguer les unes des autres, et ne vont accepter aucune proximité entre elles, se séparant géographiquement de leurs congénères, sur des territoires différents et des ressources différentes, dont elles vont s’assurer la propriété, entraînant avec elles la spécificité des membres asexués dont elles sont les génitrices.

Au sein de ces colonies, les membres asexués, dont les reines vont s’entourer, vont progressivement devenir, par sélection, de plus en plus dévoués à leur reine et à leur colonie, et de plus en plus efficaces à la tâche qui leur incombe (d’où la spécialisation économique), ainsi que de plus en plus restreints à l’identité exclusive de la colonie (de la même manière, les mâles, même s’ils sont sexués et tous distincts, de manière à laisser à la reine d’avantages de choix concernant la diversité génétique pour la reproduction, sont, pour autant, prédéterminés à se restreindre systématiquement à leur propre colonie, pour ainsi ne pas risquer d’apporter de bénéfiques gènes à d’autres reines ; la plupart du temps, ceux-ci sont même incapables de se nourrir par eux-mêmes, et sont ainsi totalement dépendants de la colonie).

De même, le langage et les moyens de transmission des informations entre membres, qui sont génétiquement acquis, vont devenir extrêmement efficaces, et purement techniques. A l’inverse, les humains ont un langage qui n’est pas génétiquement acquis, mais qui est le résultat de l’organisation grégaire, une acquisition culturelle mouvante et non exclusive d’un patrimoine culturel grégaire et identitaire.

Chez les espèces sociales, ce sont les colonies dont la cohésion interne, l’efficacité des membres et l’efficacité de leurs échanges techniques, sont les plus efficaces, qui vont prendre l’avantage sur les autres, et d’avantage se perpétrer. Au sein des espèces sociales, chaque colonie n’a, comme volonté individuelle, que celle, absolument incontestée, de la reine. Tout se passe comme si chaque colonie n’était qu’un seul individu, une unique reine disposant de nombreux outils vivants, et reliés à elle par la communication et la génétique ; un super individu auto fécond, aux nombreux bras, dont le sexe commande et détermine le fonctionnement du reste du corps, de l’ensemble des autres membres. La socialité entre ces différents supers individus, elle, est réduite à l’état de comportement strictement individualiste (à une seule exception, celle des super colonies de fourmis d’Argentine « expatriées »).

 

L’asocialité humaine :

Il est donc évident que l’homme, qui est un animal dont les individus sont sexués, ne peut pas être considéré comme un animal social, mais tout au plus comme un animal grégaire hiérarchisé, et qui a développé certaines capacités culturelles qui peuvent avoir des effets semblables à ceux des animaux sociaux, comme le langage, et la spécialisation économique. Mais ces capacités, chez l’homme, sont exclusivement culturelles et non prédéterminées, et donc sont mouvantes, muables, et volontaires. Et surtout, les bénéfices de ces acquis culturels et identitaires sont destinés aux bénéfices exclusifs des individus humains, et en aucun cas aux bénéfices des groupes ou des communautés ; les humains sont des individus sexués, et à ce titre, ils sont libres et autodéterminés, et vont nécessairement tendre à se distinguer les uns les autres, même si ça n’est que dans la limite d’une identité culturelle grégaire acceptée.  

Rien ne transcende donc les humains ; ni leur génétique, ni leur groupe. Nous sommes tous des individualistes, des égoïstes, qui acceptons la vie grégaire uniquement parce que celle-ci, ou uniquement si celle-ci, nous procure individuellement d’avantage de bénéfices que de coûts. Si tel n’est pas le cas, nous nous autonomisons, nous nous révoltons, ou bien nous nous expatrions vers un autre groupe qui nous conviendra d’avantage. Mais tant que nous serons sexués, tant que nos organes génitaux et hormonaux ne seront pas atrophiés ni aliénés, aucun intérêt de groupe, aucun intérêt d’état, ne pourra prévaloir sur nos intérêts individuels ; aucune valeur communautaire, nationale, ni même humaniste, ne pourra prévaloir sur nos valeurs individuelles. Nous continuerons inlassablement et inévitablement d’être exclusivement des égoïstes ; des individualistes qui ne se sociabilisent que volontairement et dans leur propre intérêt, et dans l’intérêt de leur propre perpétuation.

« Personne n’est mon semblable, ma chair n’est pas leur chair, ni ma pensée leur pensée. […] L’état ne poursuit jamais qu’un but : limiter, enchaîner, assujettir l’individu, le subordonner à une généralité quelconque. » Max Stirner, L’unique et sa propriété.

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20 Réponses to “Homo Socialis ?”

  1. néobio Says:

    salut, encore une fois une analyse pertinente et accessible , merci

    cela dit tu sembles parler uniquement des humains dans leur ensemble et dans le cercle restreint des pays industrialisés
    et ta description oublie , à mon avis, de citer un trait de caractere humain
    qui serait – l’évolution rapide de celui ci causé par sa capacité à accumuler du savoir et de l’expérience (livre etc)
    (par rapide j’entends en milliers d’années)
    cette particularité unique dans le règne animal donne parfois des cas particuliers (soeur theresa par exemple ou jean moulin)
    il y a un espoir pour l’humain de developper, sur du long terme, quelque chose de nouveau , je pense que si l’humain continu de « scolariser » sa progéniture pendant des dizaines de milliers d’années et de vivre en société sous quelque forme que ce soit , il finira par devenir de moins en moins égoïste , et paradoxalement l’exemple qui illustre le mieux ce que je cherche péniblement à dire, c’est certaines tribus d’homo sapiens en afrique ou en amazonie qui survivent depuis des millénaires en clans équitables et adaptés à leur environnement en transmettant le savoir oralement (genre de livre parlé)
    sur ce schéma on peu imaginer une évolution de notre espèce qui aurai lieu petit à petit , des tribues d’adultes moins égoïstes transmettant aux jeune un savoir semi oral semi écrit (comme actuellement)

    voila péniblement mon avis sur la question

    les systèmes d’animaux ou d’insectes que tu décris sont figés, leur évolution n’a pas la possibilité de s’appuyer sur un « cerveau communiquant » comme l’humain le peut depuis trés peu de temps en vérité
    notre difference c’est la création de l’écriture et surtout l’utilisation d’un langage
    tout comme les fourmis ou les abeilles dialogue par un systeme de langage basé sur les odeur et le comportement , ce langage et cette écriture peuvent donner à l’avenir (10000 100000 1000000 ans) un aspect d’organisme unique composé d’individus ayant un objectif de survie du groupe
    et un attachement sentimental lui interdisant de le quitter

    de plus en france dans le milieu gitan ce que tu dis sur l’homme serait dénié , en effet la cohésion du groupe y est plus forte et même si un individu migre , cela reste dans le réseau des « cousins » et rarement definitivement
    c’est la société de consomation basée sur une autonomie energétique de l’individue qui donne l’illusion que l’homme est de plus en plus égoiste
    mais on entend souvent dire qu’avec cette autonomie nous avons perdu le bonheur que nos ayeux avaient encore à vivre ensemble

    • Ramite Says:

      Avant tout il faut bien comprendre que ni le terme individualiste, ni le terme égoïste, ne sont péjoratifs à mes yeux. Je décris simplement le fonctionnement humain, et force est de constater qu’il est ainsi, et que si notre affection et notre identité, nos moyens de communication et nos fonctions sociales, sont plus développées que chez les autres singes ou chez les loups, ça ne fait pas de nous pour autant des animaux sociaux, mais seulement des animaux grégaires.
      Ensuite, il y a forcément des particularités, que j’ai sous-entendues, mais qu’il aurait été trop long d’étudier ici. Elles feront l’objet d’un prochain article, voir de plusieurs.
      Tous nos actes, même nos actes grégaires, ne sont effectués que dans un but individualiste. Même les individus qui choisissent d’oeuvrer pour le bien de la communauté le font, consciemment ou pas, pour pouvoir bénéficier d’avantages par un retour d’assenseur, ou pour le plaisir individuel que leur apporte le dévouement à la cause des autres ou à la cause commune.

      Ensuite tu parles de l’évolution rapide dont nous bénéficions grâce au langage et à la transmission orale ou écrite; mais je crois que le langage nous permet d’avantage de bénéficier d’une évolution technique, que d’une évolution sociologique.

      De plus, un comportement individualliste n’induit pas forcément un rejet de toute forme de vie grégaire, bien au contraire: du moment que l’individu retire d’avantage de bénéfices que de coûts avec cette vie grégaire, il n’aura aucun mal à s’impliquer dans une démarche relationnelle avec ses congénères, ni même dans une vie où il se rend dépendant de ces congénères, par exemple en se spécialisant économiquement.

      Et comme tu le dis, il faut effectivement faire la différence entre de petites sociétés affinitaires à taille humaine, où les individus se connaissent et peuvent prendre le temps de s’apprécier et de résoudre les conflits, d’avec les sociétés où les individus sont isolés dans des villes ou des mégalopoles, où ils croisent sans cesse des congénères qu’ils ne connaîtront jamais, dans une grande proximité, créatrice de tensions et de conflits qu’ils ne pourront jamais résoudre individuellement, et dont vont pouvoir profiter quelques dominants qui vont pouvoir se transformer en tyrans, utilisant de fausses justifications identitaires, des manipulations de communication, et des spéculations économiques et financières. Et s’octroyant l’aide des individus les plus malléables pour assurer leur tyranie même sur ceux qui n’accepteraient pas leur autorité.

      Ensuite, lorsque tu dis que:
      « tout comme les fourmis ou les abeilles dialoguent par un systeme de langage basé sur les odeur et le comportement , ce langage et cette écriture peuvent donner à l’avenir (10000 100000 1000000 ans) [aux communautés humaines] un aspect d’organisme unique composé d’individus ayant un objectif de survie du groupe
      et un attachement sentimental lui interdisant de le quitter
       »
      En fait, c’est déjà le cas, sociologiquement parlant, et surtout dans les petits groupes « à taille humaine ». Mais si par contre tu parles d’une subordination totale de l’individu au seul intérêt de groupe, alors je crois que ça n’arrivera jamais, ou en tous cas pas tant que nous serons sexués. Pour que ça arrive, il faudrait que certains deviennent des êtres assexués, au profit d’une caste reproductive. Car sinon, nous aurons toujours « trop » de volontés individuelles qui nous pousseront à la distinction sexuelle, et à la recherche de notre propre perpétuation. Le groupe ne sera toujours qu’un moyen pour assurer cela, et non une fin en soi.

      Nous ne sommes pas plus égoïstes aujourd’hui et en occident, que nous ne l’avons été auparavant et dans des tribus ancestrales. La différence, et la seule, c’est que les individus des tribus sont moins dépendants de la société que nous, mais par contre ils ont beaucoup plus conscience de cette interdépendance, que du coup ils vont toujours chercher à améliorer; tandis que nous, dans nos sociétés technicisées et étatisées, nous sommes extrêmement dépendants de nos congénères, mais nous avons l’illusion d’être autonomes, car nous avons beaucoup moins conscience de cette interdépendance, à cause du confort matériel, et surtout à cause de la taille de la société, qui fait que nous dépendons d’une multitude de personnes que nous ne rencontrerons jamais. Notre dépendance est devenue virtuelle, en même temps qu’elle s’est amplifiée démesurément.

      • Ramite Says:

        D’ailleurs, soit dit en passant,
        si certains imaginent notre avenir dans une lutte contre des cyborgs mi-homme mi-machine (petite dédicace à ce cher goéland 🙂 ) ; pour ma part, je vois plutôt cet avenir dans une lutte face à des humains rendus totalement subordonnés à ceux qui les dominent, par des alimentations, physiques et psychiques, modifiées et accoutumantes, qui les rendraient hormonalement asexués, et qui les feraient executer à peu près n’importe quoi sans se poser aucune question, simplement en échange de leur ration quotidienne d’aliments conditionnés et conditionnants.

        Un tel avenir n’est d’ailleurs à mon sens pas si loin, et tous ceux qui ont vu le film « supersize-me » doivent très bien comprendre de quoi je parle…
        A mon avis la lutte a déjà commencé (Et vive José Bové !).

  2. néobio Says:

    nous vivons dans un monde fini et la croissance infinie n’est pas possible
    nous allons forcément, un jour ou l’autre, retrouver un mode de vie ou l’entraide est indispensable et cela durera beaucoup plus longtemps que les 200ans de pétrole que nous venons de vivre

  3. goeland60 Says:

    Merci pour cet article (que je n’ai pas lu en ligne, mais que j’ai copié pour pouvoir le déguster tranquillement à tête reposée ce soir).

    Pour le clin d’oeil aux cyborgs 🙂 je te rejoins. Nous sommes encore loin de l’avénement d’une éventuelle civilisation de machines (ayant pris le pas sur l’humain). D’ailleurs des machines peuvent-elles prendre vie ?

    Ce que tu décris fait froid dans le dos : ces humains (vers lesquels notre civilisation tend dès à présent) hormonalement asexués, etc.
    Je me demande si le livre de Margaret Atwood, que j’ai cité sur le forum V & N, intitulé « Le dernier homme » ne décrit pas en partie ce dont tu parles.

    Au plaisir de te lire !!

  4. imago Says:

    Je n’ai pas encore lu l’article, mais je suis étonné d’y voir en gras uniquement les termes « égoïsme » et « individualisme » et surtout l’absence du mot « empathie » qui semble être une composante fondamentale de notre espèce.
    A voir cette émission, plutôt intéressante:
    http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=359950

    • Ramite Says:

      Oui, j’ai fait exprès de ne pas parler d’empathie pour l’instant, et de garder cela pour le prochain article; un peu de manière provocatrice, certainement…
      Je vais aller voir le lien, merci.

      • goeland60 Says:

        « Un peu de manière provocatrice » 🙂 Eh eh !…

        Le choix de tes photos est toujours très réussi ! Je pense que tu dois aimer pratiquer la photographie également par toi-même.

        • Ramite Says:

          Pour la photo, curieusement, je découvre cette pratique avec mon blog. Je ne l’avais jamais pratiquée auparavant, sauf pour les photos de mes enfants (ou de ma femme). Mais pas pour la photo en soi.

    • Ramite Says:

      Eeeexcééélent ! Merci beaucoup pour ce lien, Imago !

      Le coup des singes qui se prettent leur outil en échange de noisettes, j’ai adoré; je ne les en savais pas capables à ce point !
      Et surtout, la dernière phrase de cette émission, dite par le présentateur: « l’altruisme est la forme la plus sophistiquée d’égoïsme« , est un parfait résumé de ce que je tente d’expliquer dans cet article.

      Vraiment, merci beaucoup de m’avoir donné ce lien très enrichissant. 😉

  5. Goeland60 Says:

    (Citation)  » Nous sommes extrêmement dépendants de nos congénères, mais nous avons l’illusion d’être autonomes, car nous avons beaucoup moins conscience de cette interdépendance (…)
    « Nous dépendons d’une multitude de personnes que nous ne rencontrerons jamais. Notre dépendance est devenue virtuelle, en même temps qu’elle s’est amplifiée démesurément. »

    C’est exactement ça. Très bien vu !

  6. Nicollas Says:

    Très bon article !

    [l’homme] a développé certaines capacités culturelles qui peuvent avoir des effets semblables à ceux des animaux sociaux, comme le langage, et la spécialisation économique.

    Est-ce que tu sais en quoi le langage humain se rapproche du langage des insectes sociaux comparativement aux autres animaux ?

    Qu’est ce que tu entends par « spécialisation économique » ? Les chasseurs-cueilleurs en ont-il une ou est-ce apparu avec la révolution néolithique ?

    Ce que tu dis me fait penser à la théorie de Dawkins sur le gène égoiste, mais j’imagine que tu t’en sers déjà ?

    Je m’étais fait le reflexion sur les fourmis, en me disant que par l’agriculture, une partie de l’humanité s’est transformée en fourmis (classes, division du travail, agriculture/elevage, guerres, empires), et qu’a choisir, je préfererais vivre comme des gazelles que comme des fourmis.

    • Ramite Says:

      Salut Nicollas,
      Merci du compliment;
      Je ne sais pas très bien comment fonctionne le langage des insectes sociaux, je m’apprète à me renseigner à ce sujet, mais il me semble qu’il est exclusivement technique. En tous cas, la particularité du langage humain sera l’objet de mon tout prochain article sociologique, que j’ai d’ores-et-déjà commencé à rédiger. 🙂

      A propos de la spécialisation économique, j’avais écrit l’un de mes tout premiers articles à ce sujet:
      http://grainedeflibuste.wordpress.com/2010/01/04/dependance-economique/
      A lire aussi, à ce sujet, mes articles suivants :
      http://grainedeflibuste.wordpress.com/2010/02/13/eviter-la-specialisation/
      http://grainedeflibuste.wordpress.com/2010/02/15/resolution-de-la-premiere-contradiction/

      Je ne connais pas du tout la théorie de Dawkins sur le gène égoïste, j’irai me renseigner. En tous cas, moi aussi je rejette totalement les idéologies « sociales » qui cherchent à imposer « la » primauté du bien commun plutôt que de laisser les individus agir librement.

      • Nicollas Says:

        J’ai déjà lu tes articles, mais j’ai du mal avec l’angle économique, ça rentre pas dans mon petit cerveau 🙂

        donc j’en déduis que la spécialisation économique n’était pas présente parmi les chasseurs-cueilleurs. Donc finalement les humains jusqu’à récemment n’avaient aucune caractéristique des insectes sociaux (reste la question du langage)

        Pour Dawkins tu risques d’aimer, il parle d’altruisme égoiste 🙂

  7. youyou Says:

    Ramite, quel est ton intérêt égoïste à faire ce passionant blog ?

    Peut être existe t il de manière tangible, mais je trouve réducteur, très réducteur ton shéma de pensée.

    N’y a t il pas des preuves concrête, tangibles d’empathie ? N’y a t il pas des dons anonymes, désinteressés ? N’as tu jamais dit à une fille l’air timide et peu sur d’elle qu’elle était belle, rien que pour l’imaginer poursuivre sa vie avec plus d’assurance ?

    Il y a au moins un rapport que tu oublies, c’est celui qu’ont les humaines avec leur concience. L’homme peut culpabiliser des actions qu’il trouve regrettables (ou fatales), et ainsi agir de manière gratuite et non individualiste, même ponctuellement.

    Je n’ai pas creusé la question, y ai juste réfléchi à la lecture de ton superbe travail. J’interviens aussi 4 mois après, et donc n’attends pas de réponse particulière.

    Merci à ton blog d’exister, de permettre de réfléchir… (bien que ça ne te fasse pas la jambe plus belle, si ? ).

    • Ramite Says:

      Salut Youyou, bienvenue ici. 🙂

      Sur cet article, j’avoue que je suis allé un peu vite en besogne, et que j’aurais dû me contenter de comparer les différentes organisations sociales des animaux, en laissant les humains de côté pour l’instant, car il me faudrait trois ou quatre articles supplémentaires pour apporter toutes les précisions nécessaires, concernant les particularités humaines. C’est un chantier auquel je m’attaquerai sans doute un jour, mais pour l’instant, j’ai d’autres priorités. (jusqu’à maintenant je me suis plutôt intéressé à l’économie, en fait)

      Si la rédaction de ce blog est égoïste ? Bien entendu ; j’éprouve énormément de plaisir à étaler ainsi mon savoir aux yeux de tous. C’est même presque de l’arrogance 😀 ; Et encore tout autant de plaisir à recevoir des félicitations et des encouragements, de ta part, ou de la part d’autres. 😉
      En fait, il n’y a jamais de dons totalement désintéressés. A minima, il y a un plaisir éprouvé dans le don. De la même manière qu’il y a du plaisir éprouvé dans l’acte sexuel, et que l’acte sexuel peut être réalisé de manière purement jouissive ; il n’en reste pas moins que la finalité de l’acte sexuel, c’est la reproduction. De la même manière, le don a une finalité de cohésion sociale, afin de pouvoir profiter de liens sociaux ; tant que le rapport coût/bénéfice est plus important, cette stratégie fonctionne, et le plaisir procuré par l’acte, obtenu de manière évolutive, est un gage d’utilisation de cet acte « généreux ». Mais si nous gagnions individuellement moins que nous n’y dépensions, cet acte « désintéressé » ne nous rapporterait aucun plaisir, et nous ne le pratiquerions tout simplement pas, car sinon la sélection naturelle nous aurait bien vite éliminés.
      Merci en tous cas de ton compliment, et n’hésite pas à intervenir quand tu veux, y compris sur de vieux articles. J’aurai beaucoup de « plaisir » à te répondre 😉

  8. marevolution Says:

    Oh ! Ramite, je suis surpris, quel talent, quel argumentation pour expliquer l’égoïsme, je me sens floué ! Et une citation de Stirner en prime !

    Et pour ajouter à votre argument darwiniste, je dirais à Youyou que, pour reprendre l’exemple de la jeune fille timide qu’on rassurerai sur son charme, à qui cela reviendrait-il, finalement ? A soi… Car c’est bien par plaisir à soi qu’on fait plaisir aux autres. Cela vous fait plaisir de savoir que l’autre à du plaisir.

    Pas de quoi, comme mes amis me le reprochent, devenir pessimiste ! L’égoïsme n’a rien de négatif.

    • Ramite Says:

      Merci beaucoup ; 🙂
      par contre, attention, je ne suis pas exclusivement darwiniste : je mets sur un pied d’égalité la coopération et la rétroaction, avec l’auto-détermination. Ces trois stratégies évolutives sont pour moi totalement entrelacées, complémentaires et indissociables.

  9. Brouckaert Yves Says:

    Ramite, je vais aviser David Gendron de l’existence des derniers commentaires à ton billet « Homo Socialis ».

    Pour ce qui concerne l’acte sexuel, nous avons eu une brette assez rude.

    David sera certainement intéressé, et je suis sûr que le commentaire ne s’arrêtera pas en si bon chemin!

    A marévolution : tout-à-fait d’accord, c’est ce qui finalement fait la beauté de l’acte sexuel, mais j’ajoute, pour ce qui me concerne, que lorsque l’amour est présent, le « ratio qualité/prix » explose !

    Yves

  10. Depuis la permaculture, jusqu’à la civilisation 3/3 | Graine de flibuste Says:

    […] de Jared Diamond, étudier l’organisation des humains sur la planète comme on étudierait celle de n‘importe quelle espèce animale ; je pourrai analyser les relations entre État et marché, entre […]

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